
Communiqué de la Plateforme Citoyenne de Corse
« S’il n’y avait pas les collectifs, ils (les policiers) ne seraient jamais venus nous chercher, ils sont obligés de répondre à l’opinion.
Quand on crie tous les jours “la mafia, la mafia, il faut saisir leurs biens, comme en Italie, il faut faire des lois”… Ils viennent chez les voyous (or) c’est nous les voyous, ça c’est vrai. »
Cette phrase, issue d’un enregistrement attribué à Jacques Santoni (citée par Le Monde, 30 mars 2021, reprise par les collectifs anti-mafia et par des documents de l’École nationale de la magistrature), est capitale.
Elle confirme ce que nous savons : la société civile, lorsqu’elle se mobilise, peut faire bouger les lignes et contraindre les institutions à agir.
C’est la preuve que la pression de l’opinion publique fonctionne.
Et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de mettre en place une coordination antimafia déterminée, durable et large.
Pourquoi cette démarche ?
Parce que la mafia ne se résume pas à des faits divers ou à quelques règlements de comptes. Elle infiltre :
L’économie (racket, contrôle des marchés publics, BTP, tourisme),
Le foncier et l’agriculture (spoliation, spéculation, accaparement),
La politique locale (clientélisme, tractations municipales sous influence).
Les entreprises et le monde agricole sont les premières cibles : il faut les protéger en les associant pleinement à la résistance collective.
Dans « De quoi la mafia est-elle le nom» , Sampiero Sanguinetti rappelle que la mafia corse n’est pas une pyramide à la sicilienne, mais une mosaïque de bandes criminelles (près de 20 selon le rapport du SIRASCO), couvrant tout le territoire et exerçant une influence politique considérable.
Il souligne le danger de banaliser le mot « mafia », et insiste sur la nécessité de nommer précisément les pratiques pour mieux les combattre.
Les enseignements siciliens de Giovanni Falcone à Paolo Borsellino, de Santino aux mouvements citoyens, la Sicile nous enseigne que :
La mafia est un système de pouvoir, pas seulement une criminalité,
Elle prospère dans la zone grise, là où se croisent crime, économie légale et politique,
Elle ne recule que devant une triple alliance : justice forte, volonté politique claire, mobilisation citoyenne et économique.
L’attente des Corses
Les Corses attendent une justice présente, forte, indépendante.
La coordination que nous construisons doit être un soutien résolu à son action, car seule une justice déterminée peut briser le système mafieux.
Réunion de Corte – 20 septembre 2025
Une réunion fondatrice, qui a eu lieu à Corte le 20 septembre 2025, a réuni :
Les deux collectifs antimafia,
Les associations U Levante, La Plateforme Citoyenne de Corse, Le Garde, Anticor, Si Po Fa,
Le syndicat agricole Via Campagnola, dont le président Pierre Alessandri a été assassiné en mars 2025.
Cette réunion a confirmé la volonté d’une coordination ouverte et durable, appelée à s’élargir le plus possible.
Prochaine étape : conférence de presse à Bastia
Il a été décidé l’organisation d’une conférence de presse :
Bastia – Place Saint-Nicolas
Samedi 4 octobre 2025 – 10h
La coordination appelle à la plus large participation possible.
Il est essentiel que les Corses montrent, par leur présence, que la société civile, le monde associatif, les entreprises et les agriculteurs refusent l’emprise mafieuse et choisissent l’unité.
Notre engagement
La Plateforme Citoyenne de Corse affirme son engagement dans la mise en place de cette coordination.
Parce qu’il n’y a pas de fatalité.
Parce que nous avons la preuve que la pression de la société civile fonctionne.
Parce qu’il est temps de démontrer que, face aux bandes et à leurs complices, la voix du peuple uni pèse plus fort que le déni et la peur.
Ensemble nous ferons front
